NEMO DAT QUOD HABET* / 2019 - 2020
Le 28 novembre 2017, à l’Université de Ouagadougou, Emmanuel Macron déclarait vouloir : « un retour du patrimoine africain en Afrique ». Un rapport, de nombreux débats et de vives réactions s’en sont suivis. Ces objets d’art, sans être sur le chemin d’un retour, ne sont désormais plus entièrement dans les collections de nos musées. C’est dans cet espace d’irrésolution que Guillaume Chamahian et Julien Lombardi ont placé leurs recherches. Comment représenter les flux qui jalonnent l’histoire de ces objets, évoquer leurs devenirs ? Comment représenter le rapport de l’occident à sa mémoire coloniale ? Comment exprimer les stigmates des êtres et des cultures qui ont subies ces pillages ?
Pour expérimenter cette situation, lui redonner une échelle, ils ont choisi d’acquérir par les voies légales du marché un fétiche. De l’appropriation à la restitution, ils l’ont exposé pendant une année à un cycle d’opérations qui structurent la diaspora de ces objets. L’ensemble des gestes qu’ils ont entrepris leurs a laissé un goût amer. La sensation que reconstituer le parcours de ce fétiche - rejouer les actes qu’il a subi pour devenir œuvre de musée - est une dépossession de sa raison d’être. Bien trop loin de sa terre d’origine, des rituels qui chargent son pouvoir magique, il a été une seconde fois désacralisée.
Après l’avoir - pour un temps - affranchi du marché de l’art, l’avoir explorer sous toutes ses coutures, la responsabilité qui leurs incombe pose une nouvelle question : à présent, que faire de cet objet ?
* Nul ne peut donner ce qu'il ne possède pas No one gives what they don't have