EGOTOUR / 2016
J’ai visité de nombreux sites dans le monde - monuments, musées, ruines et autres vestiges - et j’ai constaté que le comportement des autres visiteurs est une partie indissociable de l’expérience. Longtemps, j’ai considéré que la déambulation de ces foules et le dispositif touristique polluent la beauté des lieux, comme beaucoup de personnes j’imagine, je rêvais d’être seul sur le site. Puis, au delà de la critique, j’ai fini par réaliser à quel point ces pratiques touristiques sont révélatrices de notre rapport à l’ailleurs, au patrimoine et à l’histoire.
Je me souviens parfaitement de la gêne qui s’est emparée de moi quand je suis allé voir les pyramides de Gizeh en 2010. Alors que j’étais devant les pyramides, assez proche pour les toucher, elles demeuraient inaccessibles. Elles sont monumentales mais on ne les voit plus à cause de l’infrastructure touristique, on erre avec des milliers de personnes au milieu de vendeurs ambulants, d’autobus et de chameaux. A partir de cette expérience personnelle et de ma formation d’ethnologue j’ai décidé d’enquêter sur ce sujet mais avec une approche artistique. J’ai collecté des images, réalisé une vidéo, des installations ou des sérigraphies pour questionner la réalité d’un site qui m’est apparu comme un "faux authentique" selon les mots de Umberto Eco.
Tourisme et photographie sont tellement indissociables qu’ils façonnent les espaces pour faire l’image. Ils opèrent un changement du réel et ils le transforment de plus en plus en décor. Je crois que la photographie de tourisme montre aussi un monde globalisé où chacun est le centre de son propre monde.
I’ve visited a lot of tourist sites across the world – monuments, museums, ruins and the like – and from what I’ve seen, the way the other visitors act is an integral part of the experience. For a long time, I thought that the meandering crowds and tourism infrastructure only took away from the beauty of the sites, but I’ve come to realize the extent to which modern tourism reflects our relationship with other parts of the world, our heritage and our history.
I remember very clearly how uneasy I felt during my trip to the Giza pyramids in 2010. The pyramids are monumental, but you can’t see them through all the tourist infrastructure. And when I walked right up close – near enough to touch them – they still felt inaccessible amid the throngs of tourists, street peddlers, buses and camels. That experience and my ethnology studies led me to investigate the topic further, but from an artistic angle. I collected images and produced a video, installations and silkscreen prints that question the reality of a site that seemed to be an “authentic fake,” to borrow a term from Umberto Eco.
Tourism and photography are inextricably linked, to the point that, together, they are creating their own space for images, which is reshaping the real world into a mere backdrop. I think that tourism photography also mirrors our globalized world, in which everyone is the focal point of their own world.
Projet d'installation composé d'une sculpture de plaques de verre avec vitrophanie (150 x 35 x35 cm), de tirages photographiques, de papier peint grand format, d'un caisson lumineux (200 x 300 cm), d'une boucle vidéo de (40 min) et d'une boite de jeu "Playground" regroupant une vue satellite et 255 tirages A5 de photographies glanées sur le web.